Il transforme les déchets agricoles en gaz vert – Marin Belloir

Cogérant du Haras de la Baie à Pontorson dans la Manche, Marin Belloir a lancé son entreprise Métha Baie qui transforme les déchets agricoles en gaz vert. Récupérés en circuit court, ces déchets permettent de produire du biogaz qui alimente 1 500 foyers des communes de Pontorson ou de Saint-James. Une démarche engagée qui valorise des déchets et propose une alternative aux agriculteurs locaux.

De la phase d’étude au lancement de son activité, Marin Belloir revient sur cette aventure et nous partage ses projets futurs.

Marin Belloir - les Audacieux Normands
©Stéphane Maurice – Aprim

De l’élevage équin à la méthanisation

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

M.B. : J’ai 29 ans. J’ai une formation agricole, j’ai obtenu un BTS en production animale. À la fin de mes études, je suis devenu cogérant du Haras de la Baie avec mon père. Nous sommes spécialisés dans l’élevage de chevaux de course dans la baie du Mont-Saint-Michel. Mon grand-père était déjà agriculteur. Il était éleveur de bovins puis s’est recentré sur la production de légumes. Mon père a repris l’exploitation avant de la transformer en haras dans les années 2000. Au cours de ces premières années, j’ai beaucoup voyagé à l’étranger pour m’enrichir et apprendre sur les différentes manières de travailler.

J’ai entendu parler de la méthanisation pendant mes études. À cette époque, c’était peu développé. Nous nous sommes lancés dans cette aventure car nous avons eu connaissance d’une proposition de GRDF. En effet, des agriculteurs étaient recherchés dans notre région. Après avoir regardé sérieusement le projet, nous nous sommes dit pourquoi pas nous. Nous avons lancé l’étude avec GRDF et l’histoire a commencé pour Métha Baie.

Aujourd’hui, je suis co-actionnaire de l’entreprise avec mon père. Nous avons embauché deux personnes à temps partiel pour nous aider dans l’opérationnel et dans l’administratif.

Marin Belloir - les Audacieux Normands
©Stéphane Maurice – Aprim

Quelles sont les valeurs de ce projet ?

M.B. : La proximité est importante pour nous. En moyenne, les déchets collectés proviennent d’exploitations entre 7 et 10 km autour de Métha Baie. Nous récupérons des déchets de légumes frais qui proviennent d’écart de tri ou d’épluchures non valorisées, du fumier bovin et équin, de culture intermédiaire ou interculture (plantes cultivées sur une période pour produire différents services agronomiques et écosystémiques). Pour compléter ces déchets, nous avons quelques hectares dédiés à la transformation en énergie.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées dans votre projet ? Comment avez-vous réussi à les dépasser ?

M.B. : Nous avons rencontré des difficultés sur le financement du projet au tout début. Métha Baie ne rentrait pas dans les cases car nous n’étions pas autonomes en déchets. Nous devions contractualiser avec des agriculteurs pour avoir notre matière première. Pour faciliter les choses, il aurait fallu intégrer nos fournisseurs au capital de l’entreprise. Le projet est pensé comme collectif mais nous souhaitions un montage financier individuel.

Il faut également ajouter à cela le Covid-19 qui n’a pas facilité les choses. Après avoir été aidés par un fonds privé pour notre lancement, la Caisse d’Epargne Normandie a su nous accompagner et nous permettre de passer à la vitesse supérieure.

L’idée est vraiment de proposer une alternative pour les acteurs de l’agro-alimentaire locaux

Quels sont vos prochains projets ? Comment vous voyez-vous dans les prochaines années ?

M.B. : Le premier enjeu est de sécuriser la quantité de déchets car c’est notre matière première. Au début, nous avions des contrats avec 15 agriculteurs. Aujourd’hui, nous travaillons avec 50 acteurs locaux. Nous pouvons encore augmenter de 10% la réception de déchets pour être au maximum des capacités de nos infrastructures.

Nous n’avons pas l’ambition de nous agrandir. Cela ne colle pas forcément à l’esprit de Métha Baie. L’idée est vraiment de proposer une alternative pour les acteurs de l’agro-alimentaire locaux. Nous sommes à la bonne échelle.

La filière de la méthanisation évolue très vite. Je m’intéresse beaucoup à la valorisation du CO2 ou au développement des transports au bioGNV (biométhane utilisé comme carburant vert pour véhicules).

Quelle est votre définition de l’audace ? Avez-vous un conseil à partager ?

M.B. : Je dirai que c’est un mélange entre de l’ambition, de l’inconscience et de l’envie d’entreprendre. Pour moi, cela a une connotation positive, c’est quand le succès est au rendez-vous malgré le risque pris…


La Caisse d’Epargne Normandie soutient l’économie normande en accompagnant de nombreux particuliers dans leurs activités comme Marin Belloir. Grâce à Kiwaï Normandie, la plateforme de financement participatif, Métha Baie a réussi sa campagne de crowdfunding éco-responsable normand en levant 150 000 € en 48 heures seulement.

En savoir plus sur Marin Belloir :
Dossier sur Histoires Normandes

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