Elle lance sa marque de prêt-à-porter en lin made in France – Pauline Beuzelin

Basée à Malaunay, près de Rouen, Pauline Beuzelin a relancé la confection de textile sur le territoire normand. Avec des engagements de durabilité et de circuit court, mais surtout d’un projet centré sur l’Humain, sa marque Mijuin a déjà suscité la curiosité de nombreux acteurs, jusqu’à l’Élysée.

Avec son entreprise, Pauline participe activement à la relance d’une filière textile 100% française. Son engagement lui a permis de commercialiser ses premières collections aux particuliers et à de jeunes marques de luxe.

Dans cette interview, Pauline revient sur le lancement de sa marque Mijuin et nous partage ses projets pour celle-ci.

Pauline Beuzelin - Audacieux Normands
©Agathe Perier

Relocaliser un savoir-faire et produire en circuit court

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

P.B. : J’ai 29 ans et j’ai grandi à Rocquemont, un village entre Rouen et Dieppe. Après avoir fait des études en économie et en informatique à Caen, à Aix-en-Provence puis à l’étranger (Finlande et Pays-Bas), je me suis lancée depuis 2 ans dans l’aventure Mijuin.

Comment vous êtes-vous lancée dans ce projet ?

P.B. : Originaire de Normandie, j’ai des membres de ma famille qui sont agriculteurs. Lors du premier confinement lié à la COVID-19, j’étais salariée de Microsoft. J’ai voulu profiter de ce moment pour découvrir la filière du lin. Avec une amie, nous avons décidé de faire un tour de Normandie à vélo. Cela nous a permis de rencontrer tous les acteurs de cette filière. Le sujet m’a passionnée. J’avais déjà en tête d’entreprendre dans un projet qui allie transition écologique et sociale.

Cette expérience m’a permis de comprendre les enjeux autour de la relocalisation des filatures et ateliers de confection du lin. J’ai donc lancé Mijuin. Même si j’étais seule, j’ai été accompagnée notamment par l’ADRESS Normandie et le Réseau Entreprendre Normandie. Aujourd’hui, nous sommes 8 salariés. Nous vendons nos produits pour les particuliers en France. On ne s’exclut pas d’exporter nos produits, notamment en Europe du Nord, où la demande se fait déjà sentir. Nous travaillons également à un service de confection pour des marques de luxe.

Pourquoi le nom de Mijuin ?

P.B. : Mi-juin c’est la période de floraison des champs de lin. Cela renvoie également à une période de l’année souvent appréciée. C’est poétique et renvoie une image positive.

Quelles valeurs animent ce projet ?

P.B. : Chez Mijuin, nous avons trois engagements. Le circuit court : nous souhaitons mettre en place une échelle de proximité. Cette notion est encore plus importante dans un objectif de résilience dans un contexte géopolitique instable. La durabilité : nous veillons à la fois à produire des articles de meilleure qualité, mais également à proposer un service de réparation pour nos clients particuliers. L’humain : nous sommes agréés Entreprise d’Insertion et nous insistons sur la transmission intergénérationnelle des savoir-faire et l’on se tourne également vers le tourisme de savoir-faire. Nous travaillons à la possibilité de faire visiter nos ateliers et découvrir nos métiers.

Pauline Beuzelin : « Entreprendre jeune, cela a des inconvénients, mais aussi beaucoup d’avantages »

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ? Comment avez-vous réussi à les dépasser ?

P.B. : La principale difficulté, présente encore aujourd’hui, est le coût important de produire localement. Un lin qui est tissé et confectionné en Chine ou en Ethiopie est souvent moins cher que celui fait en France. On paye les excès de la mondialisation et d’une concurrence où les critères environnementaux et sociaux sont très loin de ceux que nous défendons. L’opacité de certains labels ne facilite pas la compréhension pour le client.

Pour développer notre modèle, nous nous sommes tournés vers le marché du luxe. Malgré le contexte économique non favorable du textile, nous arrivons à être rentables grâce à ce choix. C’est un enjeu majeur pour la filière tout entière que des entreprises comme Mijuin participent à ce développement local.

Quelles sont les prochaines étapes du projet ?

P.B. : La priorité est d’agrandir l’atelier. Nous sommes à la recherche d’un nouveau local dans un bâtiment qui a une histoire, une friche industrielle par exemple. Commercialement, il y a notre développement pour les particuliers. Par exemple pour la période de Noël, nous allons ouvrir une boutique éphémère à Paris.

Nous allons aussi avancer sur des contrats avec des marques. 
C’est plus long à mettre en place, car nous devons répondre à des critères de qualité importants. Avec les fruits de ce travail, cela nous permettra de réinvestir dans la filière afin de poursuivre sa relocalisation et sa structuration sur le territoire. 

Quelle est votre définition de l’audace ?

P.B. : Quand je suis partie de mon poste chez Microsoft, beaucoup de personnes m’ont parlé de courage. En réalité, je pense qu’il y avait une certaine naïveté, dans son aspect positif. Entreprendre jeune, cela a des inconvénients, mais aussi beaucoup d’avantages. On craint moins de prendre des risques et beaucoup de personnes sont prêtes à vous aider.


Tout comme pour Arnaud Pigeon, Nicolas Cahlik ou encore Pauline Beuzelin, la Caisse d’Epargne Normandie accompagne de nombreux Normands dans leurs projets engagés pour la transition écologique. Elle propose un éventail de solutions. À tous les moments clés du développement de leur projet, la Caisse d’Epargne Normandie conseille en prenant en compte l’ensemble des paramètres, qu’ils soient personnels ou professionnels.

En savoir plus sur Mijuin :

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