Arthur Gosse est un jeune artiste havrais. Ancien étudiant de l’École Supérieure d’Art & Design, il est le créateur de l’œuvre « La Lune s’est posée au Havre » qui était à l’affiche du Festival Un Été au Havre en 2021. Arthur met ainsi en lumière la ville et son patrimoine au travers d’œuvres étonnantes.
Dans cette interview, Arthur Gosse nous partage sa passion pour l’art urbain et le design graphique. Il revient également sur son projet au Havre et évoque les contours de sa prochaine réalisation.
L’imaginaire palpable
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
A.G. : Je suis originaire de Rennes. J’ai fait les Beaux-Arts de Rennes, puis j’ai poursuivi mes études à Brest. Pour terminer mon cursus, j’ai décidé de venir au Havre pour suivre la spécialité en art média et environnement. Je ne connaissais pas Le Havre, enfin juste de nom. J’ai pu découvrir la ville sans a priori. Dès que je suis arrivé, j’ai adoré et j’ai choisi de m’y installer.
Comment vous êtes-vous lancé dans ce projet ?
A.G. : Il y a eu un appel à projets pour l’événement Un Été au Havre en 2021. J’ai postulé avec mon projet de Lune et j’ai été retenu. J’ai fait cette démarche en parallèle de mon diplôme. D’ailleurs, le jour de l’installation de l’œuvre, c’était aussi le jour où je passais mon examen. C’était une réelle opportunité pour moi. Rien n’était programmé.
Quelles ont été vos sources d’inspiration pour cette œuvre ?
A.G. : Je voulais que l’œuvre résonne avec son environnement. En déambulant dans la ville, je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de contrastes, par exemple entre la mer et la terre, entre la fluidité de l’eau et la force du béton. La Lune m’a toujours fasciné, comme beaucoup d’enfants.
Et puis, je me suis rendu compte que Le Havre et la Lune avaient beaucoup de ressemblances dans l’imaginaire des gens. C’est gris, c’est loin et peu de personnes y vont… Il y a aussi la colorimétrie entre la roche lunaire et le béton, et puis l’histoire commune. Dans son passé, la ville du Havre a été bombardée et la Lune l’a été par des météorites.
Comment boostez-vous votre créativité ?
A.G. : J’aime changer d’environnement pour changer de perspective. J’adore voyager pour modifier mon regard, aérer mon esprit. Je trouve que cela réveille, cela attise ma curiosité et me permet de trouver une nouvelle énergie. Pour être honnête, j’aime aussi être tranquille dans mon atelier. J’ai besoin d’avoir du temps pour réfléchir au calme. L’art, c’est aussi un travail d’introspection.
Arthur Gosse : « Cela dépasse ce que j’avais imaginé »
Quelles difficultés avez-vous rencontrées dans votre projet ? Comment avez-vous réussi à les dépasser ?
A.G. : Dans un tel projet, il y a toujours des difficultés. Au tout début, je voulais installer mon œuvre sur la plage. J’aurais aimé la voir évoluer avec les marées, qui sont corrélées au cycle lunaire. Cela n’a pas pu se faire pour des raisons de logistique. J’ai dû trouver un nouveau lieu. Le Square Saint-Roch était parfait pour répondre à l’ensemble des contraintes techniques.
J’ai rencontré également des difficultés sur les matériaux utilisés pour la construction de l’œuvre. Entre la météo et les goélands, la première version de la Lune a été faite en staff (mélange de fibres végétales et de plâtre). Elle a un peu souffert. La version qui va être pérennisée va être plus solide. J’ai choisi la résine et la fibre de verre.
Quelle a été votre réaction quand vous avez su que votre œuvre serait pérennisée ?
A.G. : Je ne me rends pas vraiment compte. Il y a eu beaucoup d’engouement autour de l’œuvre. C’est grâce aux votes des Havrais que le projet a pu être pérennisé. J’ai vu plusieurs photos sur les réseaux sociaux de mariés qui posaient devant mon œuvre. Cela dépasse ce que j’avais imaginé. Je suis content, car j’ai toujours souhaité que mon œuvre soit un objet familier identifiable pour tout le monde.
Quels sont vos prochains projets ?
A.G. : Le prochain devrait être à Fécamp. La commune m’a demandé d’intervenir dans le centre-ville pour une nouvelle dynamique. Elle souhaite mettre en valeur le patrimoine historique en y ajoutant une touche culturelle. Mon projet sera composé d’animaux marins qui inciteront les habitants et touristes à suivre un parcours dans la ville. Le jour, ils seront bien visibles grâce au plâtre blanc. La nuit, une peinture phosphorescente permettra de les faire briller.
Quelle est votre définition de l’audace ?
A.G. : Ce n’est pas facile. Je dirai, c’est de rêver plus fort. En art, nous créons des projets à partir de concepts, parfois abstraits ou non palpables. Il faut oser les proposer et faire adhérer à l’idée.
Un Été au Havre est un festival d’art contemporain dans l’espace public dont la Caisse d’Epargne Normandie est mécène depuis 2019. Ces dons permettent à chaque édition de pérenniser une œuvre artistique exposée, comme celle d’Arthur Gosse, jeune artiste émergent.
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