Co-fondateur du studio FLOWERFIELD Games, Valentin Marcy-Marguerite s’est lancé comme étudiant dans son projet de création d’un studio de jeux vidéo à Caen. Son nouveau jeu « THE LAST HUMAN IS A BIKER », un jeu d’arcade dans un style rétro complètement décalé, vient de sortir sur PC. Chef de projet digital la journée et game producer durant son temps libre, Valentin voit son projet se professionnaliser de jour en jour.
Dans cette interview, il revient sur sa passion, son quotidien et ses ambitions pour le futur de FLOWERFIELD Games.
Étudiant et entrepreneur
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
V.M. : Je suis né à Rennes en Bretagne. J’ai 32 ans et je suis le papa de 3 enfants. J’ai vécu en Normandie pendant toute ma scolarité avant de partir m’installer à Poitiers pour des raisons professionnelles pendant 10 ans. J’ai débuté comme responsable dans un restaurant Quick. Cela m’a permis de développer des compétences notamment en management. Étant père de famille, les horaires de travail devenaient compliqués. J’ai décidé de me reconvertir pour aller vers des métiers du digital. Cela a coïncidé avec mon retour en Normandie. Aujourd’hui, je suis en formation à My Digital School à Caen. Je fais mon alternance en tant que chef de projet dans une agence de communication caennaise.
Comment vous êtes-vous lancé dans ce projet ? Quel a été votre déclic ?
V.M. : Au départ, c’était une opportunité dans le cadre de ma formation. Nous avions un module « start-up project » pour apprendre à comprendre les rouages de l’entrepreneuriat de façon fictive. Avec Jeremy, un autre étudiant de la formation, on s‘est très vite dit « pourquoi ne pas le faire en vrai ? ». Lui avait des compétences en illustration et UX/UI design, moi en management et gestion de projet. On s’est lancé ensemble dans l’aventure en 2021. Il nous manquait un développeur informatique alors Simon, mon frère, nous a rejoint. Chacun avait pour objectif de mener à bien ce projet qui faisait écho à des envies personnelles d’approfondir nos compétences. Au début, nous avons rapidement pris contact avec des chefs d’entreprise du secteur du jeu vidéo pour avoir des conseils. Cela nous a permis de nous lancer et de préciser notre premier projet en étant réaliste.
Pour commencer, nous avons participé à une « game jam » (un hackathon avec pour thème principal les jeux vidéo). L’objectif était de faire un prototype du jeu en 48h et le faire tester au public. Nous avons eu de bons retours, ce qui nous a conforté dans notre projet.
Puis, Pépite Normandie est arrivé très vite dans notre aventure. Nous avions besoin de conseils car nous étions novices dans l’entrepreneuriat. J’ai postulé au statut d’étudiant entrepreneur en 2022. Mes cours théoriques à My digital School m’ont été très utiles car j’ai pu les mettre en application. Cela nous permet d’être opérationnels rapidement. Quant au dispositif de Pépite, il nous a donné l’opportunité de rencontrer des professionnels comme Runes Studio (un des seuls studios de jeux vidéo en Normandie).
Quelles difficultés avez-vous rencontrées dans votre activité ? Comment avez-vous réussi à les dépasser ?
V.M. : Faire un jeu vidéo, c’est produire une œuvre complexe qui fait appel à beaucoup de compétences et de métiers (traduction, son, musique, doublage, …). Pour compléter notre équipe, nous avons intégré une dizaine de bénévoles compétents pour apprendre de leurs talents et concevoir un produit de la meilleure qualité possible. Ils ont pris part à l’aventure sous la forme de prestations. Pour eux c’était une belle occasion de contribuer à la création d’une œuvre vidéoludique, tout en gagnant de l’expérience et en enrichissant leurs portfolios. Une organisation qui repose à 100% sur des bénévoles se gère différemment. En tant que manager, c’était pour moi un véritable défi. Nous avons surmonté cette difficulté en adoptant une culture basée sur la sincérité et le respect des engagements mutuels. Une bonne communication interpersonnelle était alors indispensable. Parmi nos partenaires contributeurs, nous avons eu l’incroyable opportunité de collaborer avec Pierre-Alain de Garrigues alias PADG, célèbre doubleur français, qui a gracieusement donné sa voix à notre personnage principal. Nous remercions aussi PVLSΛR, un groupe de musique français, qui a composé l’ensemble des musiques du jeu.
Valentin Marcy-Marguerite « Nous ne faisions pas un jeu pour nous plaire, mais bien pour plaire à un public. »
Quelle a été votre plus grosse réussite ?
V.M. : Le Prix Pépite fut une vraie reconnaissance pour nous. En y participant, nous avons dû nous contraindre très tôt à structurer notre projet, et réfléchir à une véritable stratégie d’entreprise. À mon sens, c’est cette étape qui différencie un projet entrepreneurial d’un hobbit du dimanche.
Ensuite, la sortie de notre jeu « THE LAST HUMAN IS A BIKER » est naturellement un aboutissement. Nous avons fait le choix de sortir le jeu en « accès anticipé », c’est une version à prix réduit, qui se suffit à elle-même, mais qui ne contient pas encore l’ensemble du contenu que nous avons prévu. Commercialiser le jeu dans cette version permet à nos joueurs de participer activement au développement du jeu en partageant leurs sensations et leurs difficultés. Au cours des nombreuses heures de travail, nous avons toujours eu en tête que nous ne faisions pas un jeu pour nous plaire, mais bien pour plaire à un public. C’est pourquoi les retours utilisateurs sont si importants. Aujourd’hui, le jeu est disponible sur Steam, une plateforme de jeux vidéo dématérialisée. Il se vend en France (40%) mais également dans le reste du monde (25% des ventes sont faites aux États-Unis).
Quels sont vos prochains projets ? Comment vous voyez-vous dans les prochaines années ?
V.M. : À court terme, c’est de finir le jeu « THE LAST HUMAN IS A BIKER » dans sa version finale. Nous avons travaillé près de 2 ans sur notre temps personnel. Aujourd’hui, on est encore loin de la possibilité de vivre de cette activité. La production d’un jeu vidéo est très coûteuse et ce premier jeu est réalisé en autofinancement. Pour la suite, nous sommes à la recherche d’un éditeur pour financer une partie de la production. Dans notre business model, l’éditeur apporte une partie des fonds nécessaires au développement et à la promotion du jeu en échange de royalties. Le cas échéant, il peut également apporter des compétences supplémentaires pour le marketing, la traduction, l’assurance qualité et le portage sur console.
Quelle est votre définition de l’audace ?
V.M. : L’audace, c’est oser avancer vers l’inconnu avec autant de doutes que de certitudes. C’est oser se tromper et en assumer les conséquences. Étant de nature plutôt introverti, il a fallu m’armer de courage pour aller à la rencontre d’autres personnes, créer du réseau et incarner mon projet en public.
Partenaire du dispositif Pépite Normandie, la Caisse d’Epargne Normandie accompagne les étudiants entrepreneurs, comme Valentin Marcy-Marguerite ou Samba Nor Diaw, dans leurs projets de création d’entreprise. Elle propose un éventail de solutions, qu’il s’agisse de réaliser des projets immobiliers, de renouveler du matériel ou de financer de nouveaux projets.
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