Lancée en 2021, l’application Sharebooks créée à Caen vient en aide aux étudiants. Elle permet à ses utilisateurs d’acheter et de vendre des livres d’occasion en circuit court. Son co-fondateur, Maxime Raillot, revient sur le début de cette aventure ayant pour objectif de faire face à la précarité étudiante, de favoriser l’accès à la culture tout en respectant des enjeux environnementaux. De sa formation à son lancement dans la vie entrepreneuriale, découvrez son parcours inspirant.
Sharebooks, l’appli qui fait circuler les livres
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
M.R : Je suis né à Caen, j’ai un père rouennais et une mère de Fécamp. Je suis normand de long en large et même en travers. J’ai fait une section internationale britannique au collège Henri Brunet de Caen. J’étais un garçon un peu à part. J’avais des facilités à apprendre mais je m’ennuyais vite donc on m’a proposé cette section. J’ai pu participer à des échanges en Norvège et en Angleterre lors de la suite de mon parcours jusqu’au baccalauréat.
En terminale, j’ai fait 2 semaines de préparation militaire qui m’ont permis de devenir réserviste de l’armée. Par la suite, j’ai intégré un Bachelor en management international à l’EM Normandie au Havre. J’ai réalisé un vieux rêve, je suis parti étudier en Angleterre pendant une année à l’Université de Winchester. Après avoir quitté l’EM Normandie, je me suis retrouvé sans rien.
Mes parents m’ont dit de me débrouiller. J’ai réussi à décrocher un job chez Décathlon et à intégrer le CNAM pour poursuivre mes études. Ensuite, j’ai intégré l’IAE de Caen en licence management des opérations en alternance. J’ai fait mon apprentissage chez Areva (désormais Orano) à Cherbourg en charge du contrôle des coûts des grands projets de la Hague. Pour finir, j’ai été diplômé d’un master Gestion de production, logistique, achats en alternance chez Bosch Mondeville.
Comment vous êtes-vous lancé dans ce projet ? Quel a été votre déclic ?
M.R : J’ai eu l’idée avec une amie. Nous avons été forcés de rester cloîtrés dans une chambre d’hôtel pour raisons médicales. Le fait d’avoir du temps pour se poser, cela a permis de structurer cette idée qui grandissait dans mon esprit depuis quelque temps. Après ce déclic, le processus a été long. De l’étude de marché aux premières maquettes à faire tester, il a fallu que je termine mon master. Tout s’est officiellement lancé lors de notre entrée dans le programme de Normandie Incubation en mars 2021. Après 2 refus, l’incubateur nous a fait confiance et nous accompagne désormais. Comme quoi, il est important d’insister et ne pas se résigner.
Quelles valeurs animent ce projet ?
M.R : Dans mon parcours, je me suis beaucoup investi dans la vie associative. En premier lieu, j’ai été membre puis vice-président de la Jeune Chambre Economique de Caen. Dans cette expérience, j’ai eu la chance de gérer des projets et d’avoir un rôle de manager. En 2017, j’ai intégré l’association le Rollon où je me suis beaucoup investi sur le terrain. Je suis rentré au bureau aux côtés du président Fabien Achard.
Dans la continuité de ces expériences, j’ai souhaité continuer à avoir une action à impact dans ma vie professionnelle. Sharebooks permet de lutter contre la précarité étudiante, favoriser l’accès à la culture et mettre en lumière l’enjeu environnemental en encourageant le réemploi des livres.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées dans votre projet ? Comment avez-vous réussi à les dépasser ?
M.R : La première difficulté que j’ai rencontrée, c’est expliquer le projet et faire comprendre son intérêt. Son caractère innovant n’était pas compris. Pour y arriver, j’ai beaucoup fait de pédagogie et de recherche factuelle. J’ai dû reformuler mon pitch pour convaincre.
Encore aujourd’hui, j’ai toujours des difficultés auprès des financeurs car il y a beaucoup d’a priori sur les jeunes et la lecture. Heureusement, la Caisse d’Epargne Normandie nous a fait confiance et avec cette ouverture d’esprit, elle soutient notre projet.
Quelles personnes ont influencé votre parcours ?
M.R : Il y a en a eu plusieurs. Je pense à la co-fondatrice de Sharebooks, Florine Fernandes Da Silva. Elle m’a beaucoup aidé sur la stratégie business et marketing. Il y a bien sûr mes parents qui m’ont donné le goût de la lecture. Sur ce sujet, j’aimerais également attribuer une mention spéciale à Madame Patricia Pol qui était ma professeure de littérature anglaise.
J’ai aussi une pensée pour Guillaume Laurin, directeur de l’association le Rollon, qui m’a beaucoup appris sur l’aspect managérial et humain. Je n’oublierai pas également Jacques Collin que je connais depuis mon enfance. Il m’a influencé dans ma manière de gérer les choses et de toujours trouver le compromis pour rassembler les gens et co-construire.
« Les start-ups qui réussiront demain seront celles qui proposeront une innovation respectueuse de l’environnement mais aussi de l’humain »
Aujourd’hui, comment se passent vos journées ?
M.R : Elles se suivent mais ne se ressemblent pas. Chaque matin, notre routine, c’est un point rapide avec l’ensemble de l’équipe. Chacun possède 5 minutes pour évoquer ses dossiers, faire part de ses difficultés et partager en interne les dernières informations. J’essaye d’être au plus près de l’équipe.
Les start-ups qui réussiront demain seront celles qui proposeront une innovation respectueuse de l’environnement mais aussi de l’humain. C’est important en interne d’offrir un vrai statut pour ses salariés afin qu’ils puissent apporter pleinement leurs contributions à l’entreprise.
Quelle a été votre plus grosse réussite ?
M.R : Sortir l’application a été une vraie étape dans notre projet. Ce moment est un temps fort de cette expérience. Plus récemment, nous avons été lauréat du Prix à impact positif Normandy4Good. Cela a concrétisé tous nos efforts et cela nous a donné une motivation supplémentaire pour la suite.
Avez-vous un secret ? Quel est votre leitmotiv ou une citation qui vous inspire ?
M.R : Il y en a plusieurs mais si je devais en choisir une qui résume bien la situation, je dirais celle de Winston Churchill qui dit « le succès c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme ».
Quelle est votre définition de l’audace ?
M.R : C’est d’être là où l’on ne nous attend pas. L’audace, c’est de se lancer dans quelque chose qui paraît de prime abord impossible mais où l’on va quand même.
Quels sont vos prochains projets ? Comment vous voyez-vous dans les prochaines années ?
M.R : À moyen terme, il y a plusieurs projets qui sont à l’étude comme la mise en place d’algorithmes prédictifs pour les librairies indépendantes. À long terme, nous travaillons pour lancer une nouvelle activité en collaboration avec l’association Brydg. Nous aimerions concrétiser un projet en Afrique qui permettrait de faciliter l’accès aux livres sur ce continent. Le livre est un vecteur de connaissance très important.
Un conseil pour les audacieux normands ?
M.R : Il ne faut jamais renoncer. C’est important de faire preuve d’humilité et de rester humble. Il faut savoir écouter même quand cela paraît négatif et apprendre. La vie d’entrepreneur, c’est de ne jamais lâcher, tout en s’amusant.
Depuis 2021, la Caisse d’Epargne Normandie est à l’initiative de l’appel à projets Normandy4Good en partenariat avec le MoHo à Caen, la Région Normandie, Normandie Attractivité, Caen La Mer, le CJD, l’ADRESS Normandie ou encore l’AD Normandie. Ce prix de l’innovation à impact a été créé pour encourager les initiatives et aider les entreprises normandes ou les porteurs de projets d’entreprises en Normandie. Comme Sharebooks en 2021, plusieurs entreprises normandes à impact positif ont reçu un accompagnement personnalisé de la Caisse d’Epargne Normandie.
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