Il lance sa ferme urbaine – Arnaud Pigeon

Connaissez-vous l’aquaponie ? Cette pratique agricole innovante est la passion d’Arnaud Pigeon, Havrais de 28 ans. Fondateur de l’entreprise Symbi0se, il a lancé la première ferme urbaine de l’agglomération havraise. Située dans le Hangar Zéro, son activité mêle l’élevage de poissons et l’agriculture hors-sol.

Avec une production à faible consommation d’eau, il est également engagé dans une démarche de commercialisation en circuit court. En ouvrant sa ferme à la visite, il l’a transformée en un lieu pédagogique, propice pour éveiller des vocations futures.

Arnaud Pigeon - Audacieux Normands
©Laetitia Audrezet

Un ingénieur en reconversion

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

A.P. : J’ai 28 ans, j’ai grandi à Saint-Vigor-d’Ymonville près du Havre. J’ai obtenu un baccalauréat scientifique et j’ai ensuite passé mon diplôme d’ingénieur à l’Institut Supérieur d’Études Logistiques (ISEL) au Havre. J’ai ensuite été embauché comme ingénieur par une entreprise de prestation logistique à Cavaillon dans le sud de la France. Cette activité ne me satisfaisait pas sur l’aspect social et environnemental. L’arrivée de la COVID-19 a coïncidé avec la fin de mon contrat. Je suis revenu en Normandie et c’est là que j’ai découvert l’aquaponie.


Comment avez-vous découvert l’aquaponie ?

A.P. : Dans le garage de mes parents ! C’était mon repère, j’aimais y passer du temps. J’ai découvert une vidéo et un article sur Internet. J’ai tout de suite été intéressé. J’ai fait beaucoup de recherches sur le sujet, jusqu’à découvrir Aquaponia, un centre de formation certifié par l’État.

Je m’y suis inscrit et j’ai passé ma formation dans cet établissement près de Laval en Mayenne. J’y ai obtenu le diplôme de technicien supérieur en aquaponie. Lors de cette formation, j’ai pu avoir de nombreux retours d’expériences et visiter plusieurs installations.

À la sortie de cette formation, j’ai eu l’envie de m’implanter au Havre. Au même moment, le Hangar Zéro était à la recherche d’un porteur de projet en aquaponie. Les planètes se sont alignées.

J’ai commencé à dégrossir le projet en travaillant sur les plans, en recherchant des fournisseurs. Je ne me sentais pas encore prêt à créer mon entreprise. J’ai eu la chance d’intégrer le programme « Les déterminés ». Cette formation de 2 jours par semaine pendant 6 mois m’a permis d’apprendre énormément. Cela m’a donné de véritables compétences entrepreneuriales. J’ai beaucoup appris sur les aspects marketing, commercial et juridique. Cette formation a conforté mon projet et lui a permis d’avancer concrètement.

En 2022, j’ai été lauréat du French Tech Tremplin. Ce concours était destiné aux entrepreneurs issus d’un quartier prioritaire de la ville ou d’une zone rurale. Nous étions 860 start-up candidates en France et nous avons été seulement 7 à être choisis en Normandie. La dotation de 42000€ m’a permis notamment d’acquérir mes premiers équipements. 

La ferme a été inaugurée en septembre 2023.

Arnaud Pigeon : « J’essaye à mon niveau de susciter des vocations dans l’agriculture écologique »

Comment fonctionne une ferme aquaponique ?

A.P. : Il s’agit d’une boucle vertueuse. Je nourris des poissons qui rejettent des déjections. Celles-ci sont mises en contact de bactéries qui les transforment en nutriments. Ils nourrissent à leur tour des plantes qui filtrent l’eau et permettent aux poissons de grandir dans de bonnes conditions. C’est un écosystème naturel.

Je transforme sur place dans mon laboratoire les poissons en réalisant des rillettes de truites ou des truites fumées. Les produits du maraîchage sont conditionnés et distribués localement en circuit court.

Comment vendez-vous votre récolte ?

A.P. : Les produits sont vendus dans trois AMAP (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne) de la région havraise (l’AMAP du Hangar Zéro, l’AMAP du panier Cauchois et l’AMAP Perret). Une partie du maraîchage comme les légumes feuilles, les tomates, les courges, ou les micro-pousses et les aromatiques, est distribuée dans une douzaine de restaurants à Étretat, Le Havre ou Honfleur.

La production de la ferme n’est pas ma seule source de revenu. J’organise des visites pédagogiques avec des scolaires, des associations et des comités d’entreprise. Pour les élèves, cela permet de mettre en perspective des contenus pédagogiques vus en classe. Mon objectif est aussi de redorer le blason de l’agriculture française. Dans 10 ans, la moitié des agriculteurs seront à la retraite. J’essaye à mon niveau de susciter des vocations dans l’agriculture écologique.

Quels sont vos prochains projets ?

A.P. : Pour ce qui est de la production, j’aimerais développer une activité de pépiniériste avec des plantes ornementales et des fleurs, avec la même ambition d’une consommation en circuit court.  Du côté des visites, j’aimerais toucher les particuliers et les touristes. J’ai déjà un partenariat avec l’office de tourisme. Je vais proposer de nouveaux créneaux de visite pendant les week-ends. Cela va permettre au plus grand nombre de découvrir l’agriculture urbaine.

Quelle est votre définition de l’audace ?

A.P. : C’est de ne pas se contenter de ce que l’on a déjà. Il faut se permettre de rêver et de transformer ses rêves en réalité. Pour moi, l’audace, c’est un tremplin vers quelque chose de meilleur.


Tout comme pour Arnaud Pigeon, la Caisse d’Epargne Normandie accompagne de nombreux Normands dans leurs projets. Elle propose un éventail de solutions. À tous les moments clés du développement de leur projet, la Caisse d’Epargne Normandie conseille en prenant en compte l’ensemble des paramètres, qu’ils soient personnels ou professionnels.

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