Sylvain Foubert, une mise en Seine de 47 jours

C’est à l’été 2020 qu’il décide de se jeter à l’eau.
Déjà tout petit, Sylvain Foubert avait des envies d’évasion. Il aimait parcourir les kilomètres dans la campagne normande, et au grand dam de ses parents, il fuyait souvent le confort de sa chambre pour passer la nuit dans le jardin familial.
C’est une fois son bac en poche qu’il décide de partir à l’aventure. Son idée : faire quelque chose à sa portée, avec ses moyens, et que personne n’a encore réalisé ! Il décide alors de parcourir les 777 km qui séparent la source de la Seine de son embouchure. Parti de Bourgogne Franche Comté, à Source-Seine, il rejoindra la Normandie, à Honfleur 47 jours plus tard… à bord d’un petit bateau pneumatique.

Des projets déjà plein la tête, Sylvain nous a accordé une interview pour vous partager ses conseils et sa définition de l’audace.

©Sylvain Foubert

Découvrez les conseils de Sylvain Foubert, une âme d’aventurier

Comment décide-t-on à 18 ans de partir à l’aventure, sans expérience, sans support logistique, avec sa seule volonté ? Quel a été votre déclic ?

Lorsque je faisais des balades en forêts plus jeune, je me disais que la seule chance de survie n’était pas obstinément quelque chose de matériel, cela pouvait venir de nous-mêmes, de notre volonté ou notre motivation de vivre notamment. Alors avec cette idée en tête, peu de choses pouvaient obscurcir mon projet qui devait se faire avec le strict nécessaire. À cette période j’avais besoin d’aventures plus palpitantes que celles auparavant vécues, j’avais besoin de faire quelque chose qui ne me correspondait pas du tout, de parcourir des endroits qui me sont réellement inconnus. C’est alors qu’au cours d’une soirée de réflexion mon imagination m’a amené à prendre la Seine comme lieu d’expédition.

Quelles sont les principales difficultés, tant matérielles que morales, que vous avez rencontrées ? Comment avez-vous réussi à les dépasser ?

Avec un peu de recul, je pense qu’aujourd’hui je peux « trier » ces difficultés car elles sont multiples et différentes les unes des autres. Pour moi la première difficulté que j’ai dû surmonter c’était la solitude fusionnée avec l’éloignement, c’était pour moi une rencontre assez froide avec ce sentiment mais cela n’a duré qu’une journée. Ensuite pour les difficultés matérielles il y avait surtout les contraintes au niveau du bateau gonflable qui devait supporter les nombreuses tortures que la nature lui a fait subir, et ce problème m’a déjà fait couler avec tout mon équipement, mes livres, mon téléphone et ma nourriture ! Finalement ce ne sont que des problèmes qui m’ont appris à ne pas les refaire au fur et à mesure de mon voyage donc à la fin de ce dernier j’étais plutôt bien préparé et ne faisais plus d’erreurs inutiles.

Pour partir ainsi sur un petit bateau pneumatique, affronter le second fleuve le plus long de France, ne faut-il pas un grain de folie ou bien au contraire, garder la tête sur les épaules ? Quel est votre secret ?

Lorsque je me suis engagé à faire ce voyage, j’étais persuadé de réussir quoi qu’il advienne de par mon moral ou mon physique, ceci dit je ne m’imaginais pas de devoir rencontrer des problèmes comme ceux que j’ai connus. Alors c’est devant ces difficultés que je me suis posé exactement ce genre de questions : « Suis-je fou ? » ou alors « Est-ce que j’aime bien me faire du mal ? ». Pour moi maintenant il n’y a plus lieu d’avoir ces questions-là, j’aime faire ce genre d’expériences parce que depuis que je suis plus jeune j’aime découvrir des choses et c’est devenu naturel, c’est même une habitude, alors je pense que n’importe quel être humain peut le faire, il suffit qu’il s’habitue à un mode de vie comme celui-ci. Je me considère plus comme un passionné qu’un fou car j’ai des connaissances qui m’aident à surmonter des problèmes et de plus je suis poussé sentimentalement par la découverte.

Si vous deviez vous adresser aux audacieux normands, quel serait votre maître-mot, la citation qui vous inspire ?

Une question très intéressante ! Je pense que lorsque j’étais parti faire la Seine j’avais une grande part d’inconscience (ce qui pour moi est légitime dans un voyage sinon on ne le découvre plus), alors la phrase qui résumerait un peu cette inconscience et cette vie que j’ai décidé de mener c’est une citation de Christophe Colomb : « On ne va jamais aussi loin que lorsque l’on ne sait pas où l’on va ».
C’est une phrase qui m’a vraiment ouvert les yeux sur ce que je comptais faire plus tard avec d’autres projets encore plus inconscients. Cette phrase est par ailleurs la légende d’une de mes photos postée sur mon compte Instagram.

« C’est le vécu qui exprime l’audace »

Votre audace s’exprime-t-elle également en dehors de vos aventures ? Vous engagez-vous pour votre territoire, des associations ou une autre cause ?

Je pense que je n’ai de l’audace que pour les aventures si ce n’est que ça, car d’un autre coté l’audace peut s’exprimer en mon désengagement envers la vie professionnelle et cela aussi peut en faire partie. Malheureusement non j’aimerais mettre à bien mes projets pour aider des jeunes personnes à découvrir la nature, pour leur apprendre à se débrouiller et même sensibiliser sur le réchauffement climatique, je réfléchis encore à certains projets comme celui-ci effectivement.

Quelle est la personnalité normande qui est la plus audacieuse, celle qui vous a inspirée ?

J’ai énormément de sources d’inspirations, que celles-ci viennent de ma famille ou de mes amis, mais la personnalité normande qui m’a le plus inspiré est indéniablement Matthieu Tordeur. C’est en grande partie grâce à son parcours sur la Seine que j’ai pu concrétiser mon voyage, j’ai même eu la chance de lui envoyer mes « remerciements » en quelque sorte lorsque j’étais sur la Seine. Par ailleurs, c’est encore aujourd’hui une personne très inspirante pour mes futurs projets, car Matthieu a le rôle d’un charmeur, il sait partager ses expériences et cela nous donne envie de les vivre, à notre tour, et peut-être d’une façon différente.

Comment pourriez-vous définir l’audace ?

Je pense qu’il y a autant de définitions que d’humains sur Terre, chacun a sa propre définition et c’est le vécu qui exprime l’audace, alors pour moi si je pouvais le faire je dirais que l’audace c’est la descente de la Seine à première vue. Mais pour parler plus généralement je dirais que c’est quelque chose que l’on ne vit pas tous les jours, c’est quelque chose, une envie qui nous pousse à se libérer d’un mode de vie, d’une tradition ou d’une société entière quitte à rencontrer des difficultés sur le chemin.

Quel conseil pour ceux qui voudraient aussi faire partie des audacieux normands ?

Si vous êtes passionné par un domaine ou alors un travail, une activité, etc… alors vous devez raconter ce que vous faites, car beaucoup peuvent être inspirés par vos activités et cela peut permettre des échanges, des rencontres et autres partages de savoir. Donc ce qui est très bien avec les Audacieux Normands c’est que la pluralité des passions se partage facilement et les inspirations ne manquent pas en regardant des portraits d’audacieux normands !

 

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